Il y a, dans les lois du travail, une obligation sans ambages qui exige des partis en négociations de toujours les faire «de bonne foi».
Que doit-on comprendre à ce terme sans équivoque de faire des négociations «de bonne foi»?
N’est-ce pas dire que l’on doit négocier sans ruse, sans stratégie quelconque et même sans jamais mentir sur les intentions recherchées? Négocier en toute transparence! Est-ce ça être «de bonne foi»?
Penser ainsi, ne serait-ce pas croire que les humains n’ont jamais aucune arrière-pensée, une ambition autre derrière les apparences qu’on tente de nous faire croire ou celles qu’on tente de nous cacher?
Oh là, là! L’humain est… je n’ose dire le mot.
La loi c’est la loi! Ouais, mais des fois, la loi semble avoir été écrite pour les autres; ne trouvez-vous pas? Les humains sont complexes sinon compliqués à souhait, n’est-ce pas? Disons ça comme ça…
Si je vous dis : «je vous aime», croirez-vous que je suis «de bonne foi»?N’est-ce pas que c’est l’avenir qui vous prouvera que je vous aime? Très certainement; vous allez attendre des preuves de ma déclaration d’amour. Il en est ainsi de tout un chacun, même avec notre patron. La confiance préalable suivant la déclaration d’amour demandera des gestes d’amour aussi petits pourront-ils être. On n’est plus au temps où nous pouvions dire avec assurance : «J’ai un bon boss»! Même Yvon Deschamps ne le dirait plus.
S’il m’aime vraiment, qu’il le démontre pour vrai (!), diront certains. Les humains ne sont pas tous des saints : ça prend du concret quand même, même en amour, surtout en amour…
Il faut être «de bonne foi», mais souvent, c’est le contraire; on nous dit; «je vous aime», mais les bottines ne suivent pas les babines! Autrement dit, c’est souvent «Faites ce que je dis, non pas ce que je fais». «Faites la grève et du piquetage, pendant qu’on négociera fort pour vous tous»!
Ainsi, des autorités manipulent le petit peuple et le petit peuple manipule les autorités. La «bonne foi»? Les autorités des deux partis qui négocient semblent s’en contrent foutre royalement. On attendra une autre loi (spéciale) ou la nomination d’une autre autorité (médiateur, conciliateur, arbitre, juge, etc.), pour dénouer l’impasse.
Et pourtant, ils devaient être sérieux dès le départ : négocier «de bonne foi».
L’humain doit toujours conjuguer son mariage avec l’autre : il doit être «de bonne foi» dans cette construction de l’harmonie. La «bonne foi» doit se jauger à l’aune de la «bonne mesure»; c’est quand la démesure s’installe que la «bonne foi» perd sa crédibilité; on y perd la foi dans ces autorités (des deux côtés), lesquelles deviennent de la pure frime. Pas surprenant alors qu’on les envoie voir ailleurs…
Dommage pour tout le monde. Ainsi que pour les lois.
Depuis longtemps, notre monde s’écroule; mais ça, il ne faut pas le dire.