» … bande de caves!… », 24 janvier 2024

«Vous êtes pas écoeurés de mourir, bande de caves! C’est assez!»

Claude Péloquin

« Puisque l’art devient l’un des seuls moyens de dire et de déranger sans tuer, il s’agit pour nous de dire, et de crier s’il le faut, ce que nous sommes, ce que nous sentons et ce que nous devons devenir. »  

Jordi Bonet

À bien y penser, la réponse à cette affirmation poétique de l’auteur Claude Péloquin immortalisée sur la murale du Grand Théâtre de Québec (inauguré en 1971) par l’artiste Jordi Bonet, doit être OUI : oui, nous sommes tous écoeurés de mourir à petit feu; mais qu’y pouvons-nous?

Quant à la seconde partie de ce célèbre vers, nous devons réagir, nous devons nous rebeller : NON, nous ne sommes pas une bande de caves! Mais OUI, «C’est assez!» de nous faire manger la laine sur le dos du «petit» Jean-Baptiste frisé Canadien français.

Nous ne sommes pas au nirvana des gens célestes; nous ne sommes pas non plus au soubassement où les rats trafiquent leur pitance : ni au ciel où nous attendent nos aïeux et les religieux d’antan ni en enfer des stupides guerres où nos pères ont perdu tous leurs frères.

Nous sommes là, simples consommateurs de la joie et de la misère, d’essayer de rendre beau notre balcon et notre chair, à sentir bon en été, même en hiver, pour les autres et pour nous plaire.

Des fois, c’est simple de mourir à petit feu, c’est même poétique. Mourir de mort lente dirait Brassens plutôt que de mort bête et brutale dans ces crashs ou de ces bombes, toutes les bombes consommées, encaissées, téléguidées.

«Mourons pour des idées, d’accord, mais de mort lente

D’accord, mais de mort lente»

Georges Brassens

La bande de caves qui nous exploite est au firmament des étoiles payantes, filantes avec le cash de nos économies et nos lamentations; exploiter la crédulité est de tout temps, depuis des millénaires. C’est assez!

Les puissants savent s’y prendre pour nous faire taire et payer; ils nous font peur de mourir non plus à petit feu, mais d’un coup bête, brutal, arbitraire et peureux. 

Les puissants ont la puissance de faire disparaître les faibles trop forts. Mais les faibles puissants ne meurent pas bêtement; ils meurent lentement et refusent la puissance des puissants.

Pour les faibles, c’est là leur puissance : ils disent NON aux puissants qui s’écrasent alors lamentablement, ils disent NON à leur système qui nous siphonne et leurs règlements de saine conduite, sous menace d’exclusion du système de coopération, malgré nous!

Avant ma disparition lente, je dirai NON à la direction, à cette bande de tout-puissants de mon exploitation simple et sans plus juste retour à l’exploité que je suis.

«J’arrive à Sept-Îles, pour un stage de trois mois dans la souffrance psychique, 

jusqu’au bout de la 138.

La détresse gobe toutes les côtes, jusqu’à l’océan,

où les poissons avalent des résidus de Prozac.

Je débarque dans cette ville que je ne connais pas, dont j’ignore chaque conifère, chaque ours, chaque chicoutai.

Les arêtes des bâtiments me frappent.

Tout est carré, rectangle, dur.

Les rues se violent, s’enfilent sans se caresser.

Le boulevard Laure trône tel un serpent venimeux, un naja échoué au nord, qui mord avec les canines des commerces.

Boulevard qui se confond avec tant d’autres boulevards d’une Amérique mort-née.»

«Soigner Aimer» 

Dre Ouanessa Younsi, 

psychiatre, poète,

Mémoire d’encrier, 2016

p. 72

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