Quel paradoxe: au moment où je distribue mes voeux de la Bonne Année, de santé, de joie, de plaisirs, d’actualisation et de réalisation, voici que ma santé me lâche! Oui, encore une fois, la santé c’est un vrai coup de dé: aujourd’hui, je suis débordant d’énergie vitale et d’enthousiasme, mais demain, il n’y a plus aucune garantie; pire, demain je peux devenir plus ou moins rien…
Quand l’énergie se transforme petit à petit en douleur, quand l’énergie doit se concentrer à gérer un mal plutôt qu’un bien, et quand la douleur devient souffrance qu’on ne peut endurer que difficilement et péniblement, on ne peut que constater que notre bienheureuse santé nous abandonne; elle nous oblige alors à réfléchir sur ces mystères de la vie (ses joies, ses plaisirs, ses désirs, mais aussi ses douleurs et ses souffrances) et celui de la mort (notre disparition, notre libération…).
« Bonne Année et le paradis à la fin de vos jours » nous disait-on autrefois, au temps où la foi catholique animait chacun, sans trop nous attarder à ce voeu qui devait nous rassurer, mais en même temps, nous conscientiser à notre condition de mortel. Évidemment, la vie est faite pour la vivre en santé; pourtant, les douleurs ne manquent pas du fait même d’être là, bien vivant, dans ce lieu terrestre. On peut même dire que les souffrances humaines sont le lot de tous, mais que nous les conjuguons jusqu’à ce que mort s’ensuive. La chance (?) que nous avons de vivre ici au Québec est, pour une bonne majorité des gens, une réalité; mais il y a encore beaucoup de laissés pour compte pour qui la « chance » est plutôt une damnation à composer au fil de chaque jour, afin de tenter de transformer les douleurs et les souffrances d’une pauvre vie et d’une pauvre santé en quelques petites joies fugaces et anodines.
Bon, assez de philosophie; je dois retourner me reposer: le médecin me l’a recommandé! Le repos c’est comme une petite mort tout en étant une petite joie: c’est tenter de retrouver cette santé toujours précaire et fugitive afin de continuer de vivre dans ce paradis fictif avant de rejoindre « celui » de la fin de mes jours!
Bonne Année 2015; santé, tout ce que vous désirez et… pas trop de douleurs et de souffrances.