Depuis plusieurs années maintenant, le Québec tente péniblement de départager ce qui relève légitimement du politique, de ce qui relève des religions. Ainsi depuis 2005, notre système d’instruction publique a montré la place que devaient prendre les religions dans l’élaboration du cursus scolaire : le politique a, après une mûre réflexion, sorti des écoles publiques l’enseignement des religions, leurs croyances et leurs dogmes. Le message était clair pour faire en sorte que le politique devait se placer au-dessus des religions pour gérer le pays, tout en garantissant pour tous les citoyens le respect de sa liberté de conscience et sa pratique.
Depuis la Révolution tranquille, inspirée de la Révolution française, nous sommes ainsi graduellement passés d’une province radicalement imprégnée des valeurs des religions (catholique romaine et protestante) dans l’élaboration des lois du pays, à une laïcité relative, mais respectueuse de tout un chacun. Dieu n’est pas tout à fait mort dans la gestion des choses d’ici-bas, mais presque ! Bien que ce transfert des valeurs religieuses et des clergés dominateurs se soit difficilement fait vers les valeurs plus humanistes et neutres quant à la valeur d’une personne, il faut reconnaître que l’autorité ecclésiastique décroche avec passablement de relents de cette perte de pouvoir et commet encore quelques péchés tantôt véniels, tantôt mortels.
Nous lisions dans le journal « Le Nouvelliste » de ce vendredi 27 janvier dernier, un texte signé par madame Jacinthe Lafrance, responsable des communications pour le diocèse de Nicolet intitulé « La tromperie au pouvoir » la-tromperie-au-pouvoir-27-janvier-2017 dans lequel, l’autorité ecclésiastique catholique de Nicolet prend officiellement position « contre » la démocratie américaine, ses journalistes et son nouveau président Trump. Que le président des Américains soit l’incarnation parfaite de tous les vices du monde, que ce M. Trump trompe toutes et tous à travers sa gestion du pays au sud du Canada, que les citoyens des États-Unis croient ou non ce qu’il leur fera croire par ses déclarations vraies ou mensongères, il faut bien comprendre que nous n’en sommes pas à un premier individu élu qui peut induire en erreur tous ses compatriotes ; qui ne se souvient pas d’un certain George W. Bush qui nous a tous induits en erreur sur des armes de destruction massive ? Comment ne pas se souvenir d’Adolf Hitler aussi élu démocratiquement, qui a créé l’horreur d’une guerre mondiale au nom d’un nationalisme exacerbé ? Comment ne pas nous rappeler l’Inquisition du Moyen-Âge qui, au nom de La Vérité, n’a créé que l’horreur et la mort ?
L’Église catholique et son état du Vatican peuvent, par la voix de son chef, le pape, émettre des opinions politiques et des encycliques ; cela revient et relève de leurs prérogatives doctrinales religieuses et politiques, mais qu’un diocèse catholique du Québec accuse le président des États-Unis d’être un menteur au pouvoir, cela relève de l’ingérence et doit être dénoncé.
Qui a accordé son imprimatur à la publication de ce texte accusateur contre le président des États-Unis ? Est-ce l’évêque du diocèse de Nicolet ou le pape François du Vatican ? Pourquoi le diocèse de Nicolet émet-il un texte politiquement « contre » le tout nouveau président des États-Unis alors que celui-ci n’a encore presque rien fait comme chef officiel du pays malgré son horrible réputation d’être humain ? Pourquoi le diocèse de Nicolet fait-il de la politique alors que nous avons tout fait depuis près de 60 ans pour que la religion s’occupe des affaires religieuses et laisse la politique aux élus à cette fin ?
Je me souviens trop bien de la peur que m’a imprégnée la religion catholique romaine alors que j’étais tout jeune garçon en recherche de vérité sur cette vie et son mystère ; tout était péché et anathème si ce n’était pas selon La Vérité de l’Église catholique : notre vie était tout orchestrée par la religion jusque dans l’organisation de la société et la famille. La terreur ainsi induite par la peur des péchés nous a longtemps réduits à l’obéissance aveugle. L’Église catholique romaine a-t-elle encore des leçons à nous donner sur l’homme et son hommerie à travers ses vérités religieuses ? Si c’est le cas, qu’elle le fasse bien, par ses dogmes et ses préceptes religieux, mais qu’elle laisse le politique se faire par son chef de l’État du Vatican, et non pas de la façon dont nous l’avons encore lu par le texte de Madame Lafrance, responsable des communications du diocèse de Nicolet, très certainement autorisé et bénit par l’évêque du diocèse. L’infaillibilité papale tient sur les affaires religieuses catholiques, non pas sur d’autres sujets.