Quand vous mangez une pomme, vous la détruisez utilement pour votre santé; celles et ceux qui exécutent cette destruction savent combien est utile à leur bien-être cette destruction d’une pomme par jour.
Il y a des destructions utiles et d’autres inutiles, et même complètement aberrantes. Comment faire pour bien juger? Au risque de paraître simpliste ou contradictoire, j’avancerais cette raison-ci : le respect de la vie. Autrement dit, il faut se demander avant (et non après) si ma destruction respecte la vie.
Car sur cette planète-ci, la Terre, la grande distinction cosmique sur des millions d’années-lumière à la ronde, c’est la vie.
Si j’avais un trésor ou simplement un capital vital à protéger, n’est-ce pas que je ne l’exposerais pas telle une proie à saccager?
Ici, à Trois-Rivières, ça fait des dizaines d’années qu’on prend la Nature (la Terre) au service sans bon sens d’une économie industrielle dévastatrice.
Madame, monsieur, c’est assez : plus aucune omelette ne justifie de poursuivre ce carnage des terres nourricières qu’on prend pour des oeufs à casser.
Personnellement, le dernier clou dans ce cercueil de la destruction inutile m’a été révélé par l’édification des logements pour la communauté autochtone près de l’UQTR. Je ne suis pas raciste, dois-je le préciser; tout le contraire. Mais quand on protège et entretient prioritairement un circuit de courses automobiles et qu’on détruit des parcs forestiers comme s’ils étaient une pomme à récolter ou des oeufs à briser, je ne peux me taire contre cette sottise. Une forêt et sa faune, c’est beaucoup plus long à faire revivre. Si seulement elles peuvent avoir la chance de revivre…
Quand des prétextes tuent la vie à long terme, les prétextes sont tout simplement mauvais, erronés, inacceptables.
Il faut apprendre de nos erreurs, et ce, au-delà de notre orgueil. Reconnaître nos erreurs est grand, car c’est le commencement de la sagesse.
Aucune personne du haut de ses compétences supérieures ne peut justifier par une mode économique quelconque la destruction de la vie! Aucune. Nous avons assez détruit à Trois-Rivières; nous avons assez tué. Il faut cesser de chercher des raisons savantes pour justifier la destruction de la vie. Que nos élus sachent arrêter l’infamie.
Je le répète : on n’est plus au temps révolu de l’acceptabilité sociale de la destruction de la vie : briser la chaîne de la vie sans en assurer sa suite est un non-sens. Pour tout esprit moderne, le temps de la destruction gratuite est plus que périmé.
La vie est sacrée: on ne touche pas au sacré sans commettre une faute grave envers la Nature, laquelle, on le sait, est plus grande et puissante que l’humain.
« Le respect de la vie, c’est le fondement même de l’éthique. »
Albert Schweitzer par Théodore Monod dans :
« Et si l’aventure humaine devait échouer »
Pages 49 et 50
Editions Grasset et Fasquelle, 2000
Le livre de poche